C’est dans le Berry, à Nohant, que je suis allé à la rencontre de George Sand (1804-1876) – “cette terre où j’ai été élevée, où j’ai passé toute ma vie” écrira-t-elle. Ici, le temps semble avoir stoppé sa course folle : en pénétrant dans la maison de l’illustre écrivaine, nous voici propulsés au XIXe siècle ! Une visite qui permet de (re)découvrir qui était George Sand, une femme résolument moderne, une écrivaine libre et encore aujourd’hui un personnage extrêmement inspirant.
Sommaire
L’arrivée d’Amantine Aurore Lucile Dupin à Nohant
C’est en 1804, à Paris, que naît celle qui ne s’appelle pas encore George Sand. Amantine Aurore Lucile Dupin est la fille de Maurice Dupin, capitaine de l’armée napoléonienne, et de Sophie Victoire, femme du petit peuple parisien à la vie légère. Sa grand-mère paternelle, Marie Aurore Dupin de Francueil est issue de la haute aristocratie, petite-fille d’un roi de Pologne et fille du maréchal de Saxe. Elle a fui Paris et les troubles révolutionnaires de ce début du XIXe siècle pour Nohant, un village du Berry où elle mène une vie paisible.
En 1808, la petite famille rend visite à la grand-mère mais le séjour tourne au cauchemar lorsque Maurice Dupin meurt dans un accident de cheval. Mme Dupin vient de perdre son seul fils et souhaite garder sa petite fille auprès d’elle. Contre une pension confortable, Sophie Victoire rentre sur Paris et confie la tutelle de son enfant à la grand-mère. A quatre ans, la vie de la petite Aurore est bouleversée : elle a perdu son père et sera désormais élevée par sa grand-mère. Malgré ce drame, elle vit une enfance heureuse à Nohant.
Quand sa grand-mère décède en 1821, Aurore n’a que 17 ans et hérite d’un vaste domaine. Rapidement, elle épouse François Dudevant avec qui elle aura deux enfants, Solange et Maurice. Mais le mariage est bancal : Aurore veut de la liberté là où François Dudevant veut tout gérer ; elle est passionnée par les arts, lui a peu de sensibilité… Si bien qu’après dix années de mariage la séparation est inéluctable. Aurore, femme moderne, se bat avec succès à une époque où les ruptures sont tabou pour obtenir cette séparation tout en conservant le château de Nohant.
La naissance de George Sand
En 1831, Aurore se rend à Paris et entretien une liaison avec Jules Sandeau. Le couple devient journaliste pour le Figaro et signe ses papiers du nom de J Sand alors quand Aurore écrit son premier livre Indiana, elle garde naturellement le nom Sand mais choisit le prénom George qui pour elle est synonyme du Berry ; son étymologie signifiant “celui qui travaille la terre”. George Sand était née !
« Le nom que je devais mettre sur des « couvertures imprimées » ne me préoccupa guère. En tout état de choses javais résolu de garder l’anonyme. Un premier ouvrage fut ébauché par moi, refait en entier ensuite par Jules Sandeau, qui Delatouche fit le nom de Jules Sand. Cet ouvrage amena un autre éditeur qui demanda un autre roman sous le même pseudonyme. J’avais écrit « Indiana » à Nohant, je voulus le donner sous le pseudonyme demandé ; mais Jules Sandeau, par modestie, ne voulut pas accepter la paternité d’un livre auquel il était complètement étranger. … Delatouche, consulté, trancha la question par un compromis : Sand resterait intact et je prendrais un autre prénom qui ne servirait qu’à moi. Je pris vite et sans chercher celui de George qui me paraissait synonyme de Berrichon. » – George Sand, Histoire de ma vie
Dans ses livres, elle évoque la condition féminine, une thématique nouvelle pour l’époque. Le mélange de ce nouveau thème, associé à une belle écriture et à l’intrigue autour de ce “George Sand” que personne ne connaît font rapidement de ses livres un succès.
La vie à Nohant
George Sand a réussi à plonger Nohant dans un formidable bouillonnement culturel. Elle aimait recevoir et être entourée. C’est donc tout naturellement qu’elle convia auprès d’elle de nombreux amis, parfois très illustres. Parmi les personnalités qui ont séjourné à Nohant on peut citer Delacroix, Dumas fils, Liszt, Balzac, Flaubert ou encore Chopin qui partagera la vie de George Sand pendant 9 ans et qui écrivit dans cette maison près des deux tiers de son oeuvre !
Si la maison est à la campagne, on y mène pour autant une vie mondaine : Sand, femme résolument moderne, a apporté la sophistication parisienne dans sa maison du Berry jusqu’à y installer une salle de théâtre ! Tous les invités et domestiques étaient ainsi conviés à venir jouer sur la scène de Nohant, l’occasion pour notre écrivaine de tester ses nouvelles pièces. Son fils, avec qui elle a une relation fusionnelle, se prendra de passion pour les marionnettes et élaborera quelques 150 personnages qu’il met en scène devant les invités.
Si le matin chacun vaquait à ses occupations, tout le monde se réunissait pour le dîner, servi assez tôt, vers 17h30. Pour occuper les longues soirées, on jouait de la musique, on chantait, on lisait à voix haute, on dessinait… Nohant était un espace hors du temps où il faisait bon vivre.
Préserver la maison de Nohant
Aujourd’hui encore, en visitant la maison de Nohant on sent que le lieu est chargé d’histoire(s) et qu’on y a été heureux. Tout est resté “dans son jus” et donne l’impression que George Sand va venir nous saluer d’un moment à l’autre.
On doit la préservation de ce lieu à Gabrielle Dudevant, petite fille de George Sand qui hérita du domaine et qui mourut sans descendance. Elle fit don de la maison de Nohant à l’Etat “à condition de laisser dans leur état actuel le château de Nohant tout meublé et l’enclos qui ne fait pas partie de la ferme, pour servir de but d’excursion et de pèlerinage en souvenir de ma grand-mère”. Depuis 1961, le Centre des Monuments Nationaux en assure la gestion et la préservation. La maison se découvre lors de visites guidées proposées plusieurs fois par jour par une équipe passionnée et passionnante qui sait faire parler l’âme du lieu.
Le jardin de George Sand
La visite de Nohant ne serait pas complète sans en découvrir les jardins. Ils font désormais 6 hectares mais à l’époque de George Sand ils s’étalaient sur 250 ! Le jardin est composé de trois parties : une zone régulière classique, un potager et un verger. L’écrivaine adorait la nature, avait installé un rosarium et faisait cultiver un très grand potager pour nourrir ses hôtes.
Le domaine a aussi la particularité de posséder un cimetière familial dans lequel se trouve notamment la tombe de George Sand qui repose pour toujours dans ce lieu enchanteur qu’elle a tant aimé.
Merci à Caroline, Marie-Claire et Eric pour leur accueil chaleureux et pour leur passion communicative autour de George Sand !
Informations pratiques
Adresse :
2 place Sainte-Anne
36400 Nohant-Vic
Horaires :
Horaires variables selon la saison, consultez le site officiel
Site internet :
http://www.maison-george-sand.fr/
Tarifs :
Plein tarif : 8 €
Tarif réduit : 6,5 €
Gratuit pour les moins de 26 ans
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsComme toujours voici un nouveau reportage fascinant !!!
Merci beaucoup mon cher Christian 🙂
Superbe, merci beaucoup, mon compagnon écrit sur cette famille depuis plus de 20 ans, George Sand et sa famille font partie de notre quotidien, encore merci de votre action, a vous de coeur , olivier
Merci beaucoup 🙂
Remarquable, je découvre votre façon de faire découvrir avec plaisir.
Je souhaite visiter ce lieu depuis longtemps !
Vous êtes perspicace….
Merci
Nicole Agay
Merci ! Je vous souhaite de pouvoir le visiter un jour, ce lieu est hors du temps, une merveille !
Remarquable, je découvre votre façon de faire découvrir avec plaisir.
Je souhaite visiter ce lieu depuis longtemps !
Vous êtes perspicace….
Merci
Nicole Agay
[…] pendants 9 ans, entre 1838 et 1847. C’est d’ailleurs dans la maison de l’écrivaine, à Nohant dans le Berry, qu’il composa près des deux tiers de son […]