Culturez-vous
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Résumé :

Dans la Tchécoslovaquie de la seconde guerre mondiale, Jaromil est un enfant qui très tôt va se passionner pour la poésie. N’ayant que très peu connu son père, il est surtout élevé par sa mère qui veille un peu trop sur lui et qui peine à le laisser voler de ses propres ailes. Jaromil va grandir dans un univers où il ne sera jamais vraiment libre, ce qui va beaucoup conditionner son rapport aux autres et en particulier aux femmes. C’est sur un fond de révolution communiste que Jaromil va tenter de s’émanciper et de devenir un grand poète.

 

Avis :

Milan Kundera - La vie est ailleursCela faisait un bon moment que je ne m’étais pas plongé dans les lignes de Milan Kundera (à part pour Une rencontre qui est un essai et donc d’un style très différent). Les romans de Kundera sont toujours très prenants et troublants. Fin observateur des relations humaines, il décortique les moindres comportements de ses personnages, mettant ainsi en avant toutes les imperfections de chacun pour mieux les renvoyer aux nôtres.

Ce livre ne déroge pas à la règle puisque Milan Kundera s’en donne à cœur joie pour décrypter les comportements de Jaromil et de sa mère. L’enfance, la poésie, la maternité ou encore la révolution sont autant de thèmes qui sont abordés dans ce livre. Il est bon de souligner que Milan Kundera a quitté la Tchécoslovaquie pour la France en 1975 après avoir été exclu du parti communiste en 1970. Kundera porte souvent un jugement très critique envers le régime communiste qui régnait à l’époque et cela se ressent dans ses livres et notamment dans celui-ci, rédigé en 1973.

Je me répète toujours quand je parle de Kundera, mais cette analyse pointilleuse qu’il fait de ses personnages est pour moi une vraie force que je n’ai pas le souvenir d’avoir retrouvé chez d’autres auteurs. Il apporte ainsi toute une dimension psychologique et profonde à ses histoires, que j’apprécie énormément.

A mon goût, ce n’est pas le meilleur Kundera et pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, je conseillerai surtout la lecture de L’insoutenable légèreté de l’être qui reste pour moi son grand chef d’œuvre. Malgré tout La vie est ailleurs ne devrait pas décevoir ceux qui apprécient l’auteur.

 

Extrait :

La vie est ailleurs, avaient écrit les étudiants sur les murs de la Sorbonne. Oui, il le sait bien, c’est justement pourquoi il quitte Londres pour l’Irlande où le peuple s’est révolté. Il s’appelle Percy Bysshe Shelley, il a vingt ans, il est poète et il emporte avec lui des centaines de tracts et de proclamations qui doivent lui servir de sauf-conduits pour entrer dans la vie réelle.

Parce que la vie réelle est ailleurs. Les étudiants arrachent les pavés de la chaussée, renversent des voitures, construisent des barricades ; leur irruption dans le monde est belle et bruyante, éclairée par les flammes et saluée par les explosions des grenades lacrymogènes. Combien plus douloureux fut le sort de Rimbaud qui rêvait aux barricades de la Commune de Paris et qui ne put jamais y aller depuis Charleville. Mais en 1968, des milliers de Rimbaud ont leurs propres barricades derrière lesquelles ils se dressent et refusent tout compromis avec les anciens maîtres du monde. L’émancipation de l’homme sera totale ou ne sera pas.

Mais à un kilomètre de là, sur l’autre rive de la Seine, les anciens maîtres du monde continuent de vivre leur vie et le vacarme du Quartier latin leur parvient comme une chose lointaine. Le rêve est réalité, écrivaient les étudiants sur le mur, mais il semble que ce soit plutôt le contraire qui est vrai : cette réalité-là (les barricades, les arbres coupés, les drapeaux rouges), c’était le rêve. 

Note : Milan Kundera - La vie est ailleurs 1Milan Kundera - La vie est ailleurs

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Le golb a trouvé ce livre réussi même si, pour lui aussi, ce n’est pas le meilleur de l’auteur. La Cantoche partage mon admiration pour l’écrivain.

1973 – 474 pages – ISBN : 2-07-036834-3
Milan Kundera – Français d’origine tchèque

Article initialement publié sur le blog Art Souilleurs

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Comments to: Milan Kundera – La vie est ailleurs
  • 28 novembre 2009

    As-tu lu « La Plaisanterie » ?
    Dans mes souvenirs brumeux et matinaux, je crois qu’il vient pour moi tout de suite après “L’insoutenable légèreté de l’être”. 🙂

    Reply
  • 28 novembre 2009

    Bonour Antoine!

    Ca faisait longtemps…

    J’ai eu l’occasion de lire « L’insoutenable légèreté de l’être » et « La vie est ailleurs » mais je crois que je préfère encore ce dernier. J’ai trouvé les personnages plus attachants et l’histoire plus prenante. A moins que ce ne soit les titres qui aient infuencé mon jugement. Dans tous les cas, ce roman à la poésie enlevée m’a laissé un agréable souvenir…

    Reply
  • 28 novembre 2009

    Leiloona -> « La plaisanterie » est dans ma bibliothèque depuis un moment mais je ne l’ai toujours pas lu. On m’en dit beaucoup de bien, je pense que je me plongerai dedans bientôt.

    Alcapone -> Comme je le disais j’ai préféré « L’insoutenable légèreté de l’être », peut-être plus… proche de moi ! Enfin « La vie est ailleurs » est encore plus marqué dans la révolution communiste qui est l’un des principaux thèmes du livre tandis que dans l’autre c’est plutôt l’attachement à l’autre, les relations de couple, etc. Mais il faudra que je le relise, c’était le premier Kundera que j’ai lu et ça remonte déjà à un moment !

    Reply
  • 28 novembre 2009

    « L’insoutenable légèreté de l’être » est aussi le premier roman de Kundera que j’ai lu et maintenant que tu m’en reparles, je confirme et signe : j’ai vraiment préféré « La vie est ailleurs ». Donc, à chacun « son » Kundera.

    Reply
  • 28 novembre 2009

    Exactement ! J’avais aussi beaucoup aimé « la lenteur » et « l’ignorance »… Mais je crois qu’aucun livre de Kundera ne m’a déçu 🙂

    Reply
  • 28 novembre 2009

    J’ai lu « L’insoutenable légèreté de l’être » récemment et j’ai bien envie de lire un autre livre de Kundera…donc pourquoi pas celui là 😉

    Reply
  • 29 novembre 2009

    J’avais beaucoup aimé « l’insoutenable légèreté de l’être » également. Mais beaucoup moins ces livres plus récents, ce qui me fait hésiter à le lire de nouveau.

    Reply
  • 29 novembre 2009

    Carlota -> A mon avis, tous les Kundera sont bons à lire alors celui-là ou un autre… !

    Alex -> Par « livres plus récents » tu parles de quels titres ?

    Reply
  • 2 décembre 2009

    j’ai aimé La vie est ailleurs, même si effectivement mon grand préféré de cet auteur est de très loin « L’insoutenable légèreté de l’être »…

    Reply
  • 7 décembre 2009

    J’ai lu ces deux livres, comme bien d’autres de Kundera, et se sont mes deux préférés. le 1er que j’ai lu était l’insoutenable légerté de l’être et j’ai été envoutée par cette écriture qui s’arrète, observe et analyse l’âme humaine.
    mais la vie est ailleurs estt pour moi le plus grand chef d’oeuvre de kundera, tant il aborde tous les sujets cher à l’auteur: la politique, les idéaux, les relations humaines, l’art…

    je cherche d’autres auteurs qui aurait cette force littéraire. en auriez vous à me conseiller?
    personnellement je conseille fortement romain avec cocaïne, d’Aguéev

    Reply
  • 7 décembre 2009

    « L’insoutenable légèreté de l’être » est aussi le premier que j’ai lu et il m’a beaucoup marqué. Tout comme toi il a été le début d’une série, il faudra que je le relise un jour.

    Je ne connais pas Aguéev mais s’il se mesure à Kundera, ça m’intéresse !

    Des auteurs ressemblant à Kundera… je ne vois pas trop. Je me souviens avoir été un peu marqué par « Une trop bruyante solitude » de Hrabal (Tchèque comme Kundera) où l’on retrouve un peu l’ambiance que décrit Kundera quand il parle de son pays.

    Sinon, le rapport est très tiré par les cheveux (je saute sur l’occasion pour partager ce moment qui me trouble toujours autant à chaque fois que je le regarder mais je te conseille de regarder le « Récital aux champs Elysées » de Leo Ferré. Dans un moment très riche en émotions il évoque, tout comme le fait Kundera dans « L’insoutenable légèreté de l’être », l’histoire de Nietzsche et de sa folie quand il est allé se pendre au cou du cheval pour l’embrasser :
    http://www.dailymotion.com/video/xrzjx_leo-ferre-la-solitudelenfancela-jav_music
    (il en parle vers 11:40 mais si tu as le temps regarde l’intégralité de la vidéo, ça en vaut la peine !)

    Reply
  • 29 janvier 2017

    Kundera c est toujours génial …

    Reply
  • 18 mai 2017

    aromil sera poète, car sa mère se faisait (mal) baiser en regardant une statue d’Apollon, dieu des Muses. Pour moi , ça restera le best chef d’oeuvre de kundera !
    Au-delà du roman, c’est un portrait psychologique et symbolique que nous dévoile l’auteur. Impossible de fermer un tel bouquin sans essayer d’en extirper le sens profond.
    Encore une fois je me laisse perdre entre les lignes de Kundéra ,la vie est ailleurs ,la vie n’est pas là ,jamais là… En tout cas, pas dans la boite noire.

    Reply
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