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Figure légendaire de la culture juive, le Golem est assez méconnu dans la culture populaire. Cette créature magique façonnée par l’homme a pourtant été largement mise en scène et détournée dans les œuvres contemporaines.

Du mythe juif jusqu’à sa résonance actuelle dans les ambitions modernistes de l’homme, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (MAHJ) explore la figure du Golem dans une exposition présentée jusqu’au 16 juillet.

Qu’est-ce que le Golem ?

Un Golem est une masse d’argile animée par des lettres sacrées. C’est dans la Bible qu’il apparaît pour la première lorsque Adam s’adresse à Dieu dans le Psaume 139 : “Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient”. Cette masse informe, animée par Dieu fait donc d’Adam le premier Golem.

Au Moyen Âge puis à la Renaissance, on s’interroge dans les cercles kabbalistes sur ce qu’est un Golem : est-ce un homme ? quel est son rôle ? et comment le créer ?… mais c’est au XVe siècle qu’il va fasciner un plus large public. Le Golem devient le héros de plusieurs récits populaires. L’une des légendes les plus célèbres raconte que le sage Yéhoudah Loew fabrique un Golem pour protéger la communauté juive mais, oubliant de l’endormir lors du shabbat, le Golem devient menaçant et doit être détruit. Toujours selon cette légende, le corps de la créature reposerait dans la synagogue Vieille-Nouvelle de Prague.

Miloslav Dvorak, Golem et Rabbi Loew près de Prague
Miloslav Dvorak, Golem et Rabbi Loew près de Prague, 1951, Huile sur toile, 244 x 202 cm, Musée juif de Prague

Héros protecteur ou monstre incontrôlable ?

Dès lors, le Golem sera porteur de cette ambivalence, à la fois héros protecteur et créature incontrôlable. La légende de Prague se propage à la fin du XIXe siècle et l’on commence à voir naître les premières représentations du Golem.

Certains artistes le représentent sous des traits bienveillants : grâce à ses pouvoirs, le Golem protège la communauté juive. Mais d’autres le voient comme un monstre qui échappe au contrôle de son créateur. Il est aussi, en tant que double de l’homme, la représentation d’une part obscure de l’humanité qui, trop arrogante, souhaiterait égaler Dieu.

Ces différentes facettes ont été largement exploitées dans le siècle passé, notamment dans les comics et le cinéma.

Exposition Golem au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme
Aperçu de l’exposition © MAHJ

Les descendants du Golem

Dans notre société contemporaine, l’idée du Golem se retrouve dans de nombreuses inventions. Ainsi, l’un des premiers ordinateurs israéliens a été nommé “Golem” puisque cette intelligence artificielle, animée par le langage informatique, n’est pas si éloignée d’une créature d’argile mue par des lettres sacrées.

De la même façon, les robots censés améliorer notre quotidien fascinent autant qu’ils inquiètent : ne pourraient-ils pas un jour échapper à notre contrôle ? Une ambivalence que l’on retrouve chez certains artistes comme Valérie Belin qui crée des personnages dont on ne saurait dire s’ils sont vrais ou faux.

On peut par ailleurs retrouver le mythe du Golem dans les évolutions scientifiques : le clonage, le nucléaire, les nanotechnologies… étendent le pouvoir de l’homme, grignotant une place que l’on a longtemps crue réservée au divin, du moins tant que ces évolutions ne se retournent pas contre lui. Comme le soulignait François De Closet dans son livre sur Einstein, “dans les secrets que l’homme vole à « Dieu », il y a beaucoup de savoir, beaucoup de pouvoir, très peu de sagesse”.

Avec l’exposition Golem, le MAHJ va bien au-delà du seul aspect religieux. Au travers de très nombreux supports (bandes dessinées, extraits de films, photographies…), elle parvient à nous montrer à quel point cette figure d’argile s’est installée dans les légendes populaires. On soulignera par ailleurs la passionnante conclusion venant interroger le visiteur sur le monde contemporain. Une exposition qui mérite que l’on s’y attarde.

Paul Wegener, Le Golem, comment il vint au monde
Paul Wegener, Le Golem, comment il vint au monde, 1920. Deutsche Kinemathek, Berlin © succession Paul Wegener

Informations pratiques :

Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Hotel de Saint-Aignan
71, rue du Temple (Paris 3e)

Mardi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h
Mercredi de 11 h à 21 h
Samedi et dimanche de 10 h à 19 h

Plein tarif : 8 € / Tarif réduit 5 €
Avec les collections permanentes : 10 € / 7 €

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Comments to: Golem ! Avatars d’une légende d’argile, au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
  • 12 juin 2017

    Toutes les expos que j’ai vu dans ce musée jusqu’ici étaient vraiment intéressante et celle-ci n’y fait pas exception. J’aurais peut-être aimé moins d’oeuvre contemporaine et plus d’objets anciens, mais sinon pour toute personne ne serait-ce que vaguement intéressée par cette thématique, c’est à voir !

    Reply
    • 12 juin 2017

      C’est vrai que ce musée réserve toujours de bonnes surprises ! 🙂

      Reply
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