A Rouen, l’aître Saint-Maclou est un lieu insolite qui mérite que l’on s’y attarde ! Niché au cœur de la ville, cet ancien ossuaire du 15e siècle attire les visiteurs non seulement pour son ambiance mystérieuse mais aussi pour sa programmation culturelle et ses espaces de vie.
Loin d’être figé dans le passé, l’aître Saint-Maclou est un lieu vivant et vibrant où histoire, artisanat et joie de vivre se rencontrent dans une harmonie surprenante. Son restaurant mais aussi ses visites, ateliers et spectacles contribuent à insuffler une nouvelle vie à ce site atypique.
Dans cet article, plongeons dans l’histoire fascinante d’un ancien cimetière qui a connu plusieurs vies et découvrons comment il continue de résonner au présent, captivant tous ceux qui en franchissent les portes.
Article réalisé en collaboration commerciale avec Rouen Normandie Sites & Monuments
Sommaire
L’histoire de l’aître Saint-Maclou
La création de l’aître dans une période de forte mortalité
Remontons le temps : nous sommes au 14e siècle, une époque où la mort côtoie les vivants. L’épidémie de Peste noire fait des ravages et décime au moins un tiers de la population, un malheur auquel s’ajoute des périodes de famines.
Pour faire face à un nombre croissant de défunts, la paroisse de Saint-Maclou à Rouen doit agrandir son cimetière : c’est la naissance du grand aître.
Aître ou ne pas aître : pourquoi ne parle-t-on pas de cimetière ? Telle est la question !
Au moment de la création de l’Aître Saint-Maclou, le terme « cimetière » fait partie du langage savant des ecclésiastiques.
La population parle plutôt d’aître, un mot dérivé du latin atrium qui désigne la cour intérieure d’une maison. Par extension, on a utilisé ce terme pour évoquer la cour d’une église qui abrite souvent un cimetière.
Le temps passe mais les 15e et 16e siècles ne sont pas plus cléments pour la population de Rouen, touchée par de nouvelles vagues d’épidémies et l’aître se retrouve saturé. La paroisse construit alors un ossuaire, trois galeries en « U » où sont entreposés dans les greniers les ossements d’anciens morts, exposés à la vue de tous, afin de libérer de la place pour les nouveaux défunts.
Le riche décor de l’aître Saint-Maclou
Ces galeries n’ont pas été construites à la hâte, elles portent en effet un riche décor qui font de l’aître Saint-Maclou l’un des aîtres d’Europe les plus beaux. Les galeries sont notamment constituées de colonnes en pierre sculptée figurant une danse macabre.
C’est quoi une danse macabre ?
C’est au Moyen Âge, avec le fort taux de mortalité, qu’apparaissent les danses macabres dans l’art, sous toutes ses formes : peinture, sculpture, littérature… Cette danse figure un cortège où la mort représentée sous la forme d’un squelette accompagne des vivants de toutes les classes sociales.
Cette mort qui attrape le vivant pour l’emmener dans une danse renvoie un message est simple : tout le monde va mourir, et personne ne peut y échapper ! Si cette représentation peut sembler aujourd’hui morbide et accablante, dans la société du Moyen Âge elle invite à se préparer au jugement de Dieu pour accéder à une vie éternelle plus heureuse.
A ne pas louper : la Danse macabre sera au coeur de la programmation de la 4e édition des Fêtes macabres, du 19 octobre au 3 novembre 2024
La danse macabre de l’aître Saint-Maclou représente côté Ouest les membres du clergé et côté Est les laïcs. La galerie nord figure quant à elle des sibylles et des vertus symbolisant l’espoir car elles annoncent la résurrection du christ.
Les colonnes supportent des poutres en bois, elles aussi richement sculptées de motifs macabres représentant des ossements, des objets liturgiques et des objets utilisés par le fossoyeur (cercueil, pelle…).
Découvrez l’histoire de l’aître Saint-Maclou avec une visite audioguidée
Laissez-vous conter l’histoire de l’aître Saint-Maclou avec une visite audioguidée haute en couleurs ! Pendant 30 minutes, le fossoyeur de cet ancien cimetière accompagné d’un chat vous présentera les milles vies de ce lieu dans un échange savoureux et drôle.
Les audioguides sont à récupérer à l’accueil de l’aître pour 5€ par personne. Un parcours enfant (7-12 ans) incluant des mini-jeux est aussi proposé pour 3 €.
La deuxième vie de l’aître Saint-Maclou : une école au cœur du cimetière
Au milieu du 17e siècle, la cour de l’aître est fermée avec la construction d’une quatrième aile au Sud. Celle-ci contribue à l’activité funéraire du lieu mais accueille aussi des logements pour des enseignants car la paroisse y installe en 1661 une école pour garçons pauvres qui sera complétée en 1680 par une école pour les filles. Ici, l’école cohabite avec la vie de l’aître : les cours se font dans les galeries et la récréation se déroule dans la cour centrale où ont lieu les inhumations.
Au plus fort de l’activité de l’école, 1200 écoliers fréquentent l’aître ce qui impose la construction de salles de classes. A cette fin, les trois premières galeries sont surélevées entre 1745 et 1766 tout en préservant le décor de la Renaissance. A la fin du 18e siècle, l’activité du cimetière cesse : les inhumations ont désormais lieu à l’extérieur de la ville mais l’activité scolaire continue jusqu’au début du 20e siècle.
Sous la seconde guerre mondiale, l’école d’art de Rouen est détruite si bien qu’en 1940 on décide d’installer provisoirement les étudiants dans l’aître qui n’a plus d’activité. Cette période « provisoire » durera finalement 74 ans puisque ce n’est qu’en 2014 que l’école est transférée dans de nouveaux locaux.
Le chat de l’aître Saint-Maclou, un héritage des étudiants de l’école des Beaux-Arts ?
Le personnage le plus célèbre de l’aître est sans nul doute ce chat momifié que l’on peut voir dans un mur de la galerie Sud. Mais d’où vient ce chat ? Encore aujourd’hui le mystère demeure : a-t-il été emmuré vivant au moment de la construction de l’aître ? Au Moyen Âge il était en effet courant d’emmurer des chats noirs, que l’on associait au diable, pour conjurer le mauvais sort.
Une autre hypothèse évoque plutôt un lien avec l’école des Beaux-Arts. Un ancien professeur l’aurait apporté dans son bureau puis, à son départ à la retraire, les étudiants l’auraient intégré dans le mur pour faire un canular…
La renaissance de l’aître Saint-Maclou
Une vaste campagne de restauration
À la suite du départ de l’école des Beaux-Arts, une campagne de restauration est lancée en 2016. A cette occasion, des fouilles archéologiques sont conduites et mettent au jour de nombreuses sépultures d’hommes, femmes et enfants, aussi bien dans la cour que dans les galeries.
L’étude des corps a permis de mieux comprendre les pratiques funéraires du Moyen Âge et a révélé les pathologies dont souffraient les habitants : syphilis, tuberculose et la Peste puisqu’un fragment d’un ADN proche de la bactérie responsable de cette épidémie a pu confirmer la présence de pestiférés dans l’aître.
L’aître Saint-Maclou aujourd’hui : un lieu de vie
Dès sa création, l’aître Saint-Maclou a été un lieu vivant et ce malgré son caractère macabre. Outre les écoliers, les galeries étaient fréquentées par des quidams qui y faisaient commerce ou qui simplement y déambulaient.
Aujourd’hui, de nouveau, l’aître est ouvert au public qui peut librement circuler dans la cour et dans la galerie Est. C’est un lieu de passages qui, malgré son histoire, n’a rien de glauque. De nombreux passants y viennent, se posent dans la cour pour déjeuner ou y assistent à un spectacle car une vaste programmation culturelle anime l’aître tout au long de l’année. Concerts, visites guidées, expositions, ateliers… les activités y sont nombreuses.
Vous y trouverez aussi, dans les galeries Sud et Est :
- Un restaurant, le café Hamlet ouvert du mardi au dimanche
- La Galerie des Arts du Feu qui valorise des métiers d’art
L’aître Saint-Maclou en vidéo
D’autres monuments et sites culturels à voir à Rouen
Profitez d’être de passage à Rouen pour partir à la découverte d’autres lieux incontournables :
L’Historial Jeanne d’Arc
Jeanne d’Arc est sans aucun doute le personnage le plus célèbre de Rouen puisque c’est dans cette ville qu’elle est morte sur le bûcher le 30 mai 1431. L’historial Jeanne d’Arc vous emmène au 15e siècle pour découvrir la véritable histoire de « la Pucelle d’Orléans ».
Le Donjon de Rouen
Impossible de louper cette tour que vous verrez très vite en sortant de la gare de Rouen. Emblématique de Rouen, elle est le dernier vestige d’un château qui se trouvait là au 13e siècle. Aujourd’hui vous pouvez la visiter et même y jouer à un escape game.
La Maison Sublime
Située sous le Palais de Justice, la Maison Sublime est le plus ancien monument juif de France. Ce monument découvert il y a seulement 40 ans s’explore en visite guidée uniquement.
Le château de Robert le diable
En périphérie de Rouen, le château de robert le diable domine la Seine. C’est une forteresse pleine de légendes qui plait autant aux petits qu’aux grands visiteurs grâce à ses jeux d’exploration.
Informations pratiques
Adresse :
Aître Saint-Maclou
186 rue Martainville
76000 Rouen
Horaires :
Accès libre tous les jours de 9h à 19h
Site internet :
www.aitresaintmaclou.fr
Tarifs :
Entrée libre
Seules les visites guidées ou audioguidées sont payantes
En savoir +
Article réalisé en collaboration commerciale avec Rouen Normandie Sites & Monuments
Un grand merci à Anne pour son accueil ainsi qu’à Laëtitia pour ses explications passionnantes.
Sauf mention contraire, les photographies illustrant cet article sont la propriété de Culturez-vous et ne peuvent être utilisées sans autorisation écrite.
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