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Velue, par TanxVelue raconte l’histoire d’Isabelle, une fille à la  pilosité très fournie sur tout son corps. Cette particularité va lui rendre la vie difficile, notamment pendant son enfance et son adolescence où son père, craignant le regard social, force la jeune fille à se raser continuellement et à limiter ses contacts avec les autres.

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La structure narrative m’a beaucoup rappelé celle du conte. Et on retrouve dans le ton quelque chose de la dureté des contes traditionnels. Il s’agit ici d’un récit très acerbe, qui peint la confrontation d’Isabelle avec la société, univers hostile, parfois absurde, souvent cruel. Isabelle tente des réponses et pose des questions, aux différentes étapes de sa vie, sur ce qui touche à l’essentiel : son droit à exister et son droit à être. Partant d’une différence pourtant si superficielle (littéralement et symboliquement), Isabelle comprend qu’il y a pour elle une forme d’absolue radicalité à l’accepter et, se faisant, s’accepter. Cette radicalité, elle la sent dès l’enfance, dans les angoisses de son père qui ne veut pas la laisser sortir dès qu’un poil apparaît sur son visage et qui finit par la déscolariser.

Velue, par Tanx. Editions 6 pieds sous terre

Sans tomber dans les développements convenus sur l’acceptation de la différence, Tanx place son héroïne au cœur d’une recherche d’une forme d’émancipation. Face à un monde qui ne semble pas vouloir d’elle, Isabelle se crée son chemin. Elle nous interroge. C’est une forme de rage combattive, portée par la force du dessin et du trait de Tanx, qui toujours affleure. Car la confrontation est dure, incessante et toujours porteuse de violence. Constamment sous la menace d’être traitée ou considérée comme un monstre, Isabelle en vient à s’approprier cette désignation, non sans nous interroger au passage sur où était la véritable cruauté. En ce sens, Velue apparaît comme une forme de question brutale, adressée au lecteur. Isabelle ne se raconte pas : son existence même et ensuite la manière dont elle a de construire son existence sont en elles-mêmes des formes de questions, voire de revendications.

Ainsi, les pistes d’interprétation de l’œuvre me paraissent multiples. Et c’est ce que j’ai aimé. Pour moi, cela est porté par le rythme même du récit, qui, malgré une multiplication d’événements, sait laisser la place à des moments plus suspendus. J’ai en tête notamment les fins et les débuts de chapitres, avec des pages presque vides ou des scènes de vi(ll)e écrasées par la nuit.

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Conclusion

Récit sans complaisance, Velue a quelque chose de brut et de puissant. J’ai beaucoup aimé la manière d’aborder le sujet et les liens qui peuvent être tissés à partir de là, cette manière de questionner, faire réagir le lecteur sans lui donner du « clé en main » en termes d’interprétation. Par ailleurs, j’aime toujours autant la manière de dessiner de Tanx, qui s’accorde parfaitement au propos. Et le papier. C’est important le papier aussi non ?

Velue, par Tanx
Editions 6 pieds sous terre

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